A Oron, les jeunes se retrouvent à La Casa

Rédigé le 20/02/2025


Monique Ryf, conseillère municipale à Oron, nous emmène à la découverte de La Casa, un lieu tout récemment créé pour les jeunes, sous l’impulsion de la Municipalité et avec l’implication de nombreux partenaires.

A qui s’adresse La Casa ? Quels sont les horaires et les activités proposées ?

La Casa est, pour l’instant, destinée aux jeunes de 12 à 16 ans qui sont encore à l’école obligatoire. A Oron, l’école a introduit un horaire continu. Les jeunes sortent donc à 15h pile des classes et les premier·es arrivent souvent à 15h10 déjà ! Les horaires ont été définis de la manière suivante : les mardis et jeudis de 15h à 18h, le mercredi de 11h30 à 18h et le vendredi de 15h à 20h.

Le principe de l’animation socioculturelle est l’accueil libre. Les jeunes sont encouragés à monter des projets ensemble ainsi qu’à échanger, dans le respect. Discussions, jeux, films et activités culinaires sont notamment au programme. Néanmoins, tout est encore en construction puisque le centre n’est ouvert que depuis la rentrée d’août 2024.

Quelles sont les fonctions et buts de ce nouvel espace ?

La Casa est un lieu qui doit être au service des jeunes. Dans un espace comme celui-ci, il y a des éléments d’intégration, de participation sociale mais aussi de prévention. L’apprentissage du vivre ensemble et du respect de l’autre se fait par une participation active des jeunes. Les animateurs sont à l’écoute et, en même temps, ils sont attentifs à respecter les besoins des uns et des autres.

Ces apprentissages et les projets qui peuvent ainsi se construire donnent aux jeunes une éducation citoyenne. Ils peuvent vérifier concrètement que leur participation dans le cadre de la commune est la bienvenue. Et il s’agit là de la première pierre d’une politique communale de soutien aux activités de la jeunesse, rôle dévolu aux communes.

« Il s’agit là de la première pierre d’une politique communale de soutien aux activités de la jeunesse, rôle dévolu aux communes. »

Qu’est-ce qui vous a poussée à créer La Casa ? De quels constats la création est-elle partie ?

Quand je suis arrivée à la Municipalité début 2022, la commune d’Oron était confrontée à une bande de jeunes qui généraient passablement de dégâts, en particulier dans le centre d’Oron-la-Ville, autour des collèges et vers le temple, sur la place centrale de la Foire. Des plaintes étaient déposées à chaque fois. La Municipalité savait plus ou moins de qui se composait cette bande.

Nous avions dans la commune beaucoup de choses pour les jeunes, beaucoup de sociétés locales, sportives notamment, mais nous n’avions aucun espace à leur proposer pour se réunir. Et d’ailleurs, nous n’étions même pas sûrs que c’était leur besoin principal !

La commune d’Oron est une commune fusionnée de 11 localités, avec un large territoire et qui compte plus de 6200 habitant·es. Elle a grandi, s’est développée et a commencé à prendre un caractère suburbain.

J’ai choisi – dans les dicastères – celui de la jeunesse. Début 2022, c’était une page blanche, sans budget pour cette première année. Il a donc fallu réfléchir au cadre d’une politique jeunesse. Et, pour essayer de trouver une réponse aux problèmes auxquels nous étions confrontés, il fallait en priorité connaître les besoins des jeunes.

Avec quels acteurs avez-vous collaboré pour ce projet et quel rôle chacun jouait-il ?

Pour bien cibler la démarche, c’est le délégué cantonal à l’enfance et à la jeunesse, Frédéric Cerchia, qui  m’a donné les premières orientations. Il m’a proposé d’utiliser « Jaiunprojet », du Centre vaudois d’aide à la jeunesse (CVAJ) pour faire une analyse des besoins. Marie Bertholet a mené celle-ci de main de maître. Nous avons composé un groupe de travail constitué de l’infirmière scolaire et de personnes venant de l’école, de la police, des associations sportives et de la Municipalité. Ce groupe a permis d’élaborer le questionnaire qui a ensuite été rempli par les élèves d’une part et envoyé par courrier avec un QR-code aux jeunes de la commune de 16 à 25 ans.

Les résultats du questionnaire ont clairement montré l’attente d’un espace de rencontre, parmi d’autres attentes. Nous avons beaucoup réfléchi entre ouvrir un espace de rencontre ou engager des travailleurs sociaux de proximité pour aller à la rencontre des jeunes sur leur terrain. Comme nous n’avions encore rien, nous avons opté pour l’espace de rencontre, plus direct et qui nous permettrait d’avoir un contact avec les jeunes plus rapidement.

Comment ce centre a-t-il été accueilli par les jeunes de la commune ? Sa fréquentation est-elle celle que vous espériez ?

La plus grande difficulté a été de trouver un lieu adapté, à proximité des écoles mais en dehors du périmètre, et près des transports publics avec lesquels les jeunes peuvent repartir dans les différentes localités de la commune.

Nous avons ensuite travaillé avec Franco de Guglielmo – référent pour l’animation socioculturelle au GLAJ-VD (Groupe de liaison des activités de jeunesse) – pour bien comprendre comment élaborer le projet, chercher les professionnels et communiquer avec les jeunes. Nous avons visité d’autres centres pour en comprendre le fonctionnement puis tout s’est enchaîné avec notamment la parution d’annonces de recrutement. Nous avons choisi d’avoir deux animateurs socioculturels professionnels. L’un a une longue pratique en la matière alors que l’autre est passé de l’école à La Casa.

Le centre a ouvert ses portes officieusement début juillet 2024. Il n’y avait rien dans ce 4.5 pièces mis à disposition. Annonces, téléphones, recherches, … les deux professionnels se sont démenés pour recevoir, trouver, amener, adapter et mettre en place ce lieu de rencontre.

Les premiers jeunes sont venus discrètement regarder ce qu’il se passait durant l’été. Premiers contacts, premiers échanges, premières découvertes. Une semaine avant la rentrée de l’école, nous avons déclaré l’ouverture officielle du centre. Et à la rentrée, dès le premier jour, plus de 20 jeunes ont débarqué. Un chiffre qui ne s’est jamais démenti, bien au contraire ! On ne s’attendait pas à ça, bien sûr, et moins encore – selon les professionnels – à avoir majoritairement des jeunes filles. Depuis, l’équilibre s’est rétabli, avec toujours quand même une petite majorité de jeunes filles.

Pour l’instant, ce sont surtout des jeunes de 13 à 15 ans qui fréquentent le centre. Nous devons penser à la tranche d’âge suivante, les 16-25 ans, qui avaient aussi répondu à l’enquête. Nous avons prévu de les inviter pour revoir avec eux leurs besoins.

Depuis l’ouverture, remarquez-vous une baisse des incivilités commises par les jeunes dans la commune ?

Il est trop tôt pour établir un lien de cause à effet. Avec l’ouverture de La Casa, nous souhaitons créer un lien de confiance sur du long terme. Les jeunes qui passent par ce centre doivent savoir qu’ils ont un point de référence et des personnes à leur disposition. Nous espérons qu’ils s’en souviendront en cas de besoin !

Quel conseil donneriez-vous aux communes vaudoises qui pensent se lancer dans ce type de projet ?

Le temps que nous avons pris pour analyser les besoins des jeunes a été très utile pour parler du projet. Instaurer un espace de rencontre pour les jeunes n’est pas encore extrêmement courant dans des communes éloignées des centres et il faut aussi une taille critique en termes de population, du moins pour démarrer. Enfin, la proximité d’un collège qui rassemble les jeunes de plusieurs localités est un atout majeur !