Eloignées d’une trentaine de kilomètres seulement, les communes genevoises et vaudoises du Grand-Saconnex et de Bursinel sont liées historiquement. Vincent Burnier, syndic de Bursinel, nous en apprend davantage sur cette relation valdo-genevoise.
Les liens d’amitié entre Bursinel et Le Grand-Saconnex sont nés de la similitude des blasons. De quand cette union date-t-elle ?
En 1977, lors de la Fête des Vignerons, les spectateurs du Grand-Saconnex sont surpris de voir défiler la bannière d’une commune viticole vaudoise identique à leurs armoiries. En 1980, des premiers contacts sont amorçés par la Municipalité du Grand-Saconnex et les premières rencontres ont lieu dès 1981. Curieuses, les Municipalités mandatent un historien la même année pour expliquer l’origine des deux blasons.
Des liens indirects entre les deux communes existent depuis fort longtemps via le couvent d’Oujon. En 1244, Pierre de Bursinel fit don du Domaine de L’Oujonnet à des pères chartreux qui avaient quelques années avant reçu des terres au Grand-Saconnex. En 1535, François de Saconnay devient propriétaire du château de Bursinel. Il descend d’une longue lignée de seigneurs du Pays de Gex et a choisi le camp du protestantisme. C’est aussi au Château de Bursinel que les chevaliers de la Cuiller se réunirent dans le but de rendre Genève à la Savoie. Bursinel a modifié ses armoiries (identiques à la famille et au Grand-Saconnex) en 1923 en remplaçant les étoiles par des molettes d’éperons en hommage à un officier : Jean de Saconay. A noter que les armoiries du Pays de Gex contiennent également le lion rouge.
On peut donc dire que des liens forts existent depuis des siècles mais se sont formalisés au début des années 80.
Les liens entre les deux communes se cantonnent-ils à des échanges entre Municipalités ?
Non, l’idée de ce jumelage était de faire participer la population et de fédérer autour de cette histoire commune. En 1982, la Municipalité du Grand-Saconnex goûte le chasselas de Bursinel et depuis, chaque année, ils commandent des bouteilles de la réserve de la commune pour leur vin blanc officiel. La fanfare du Grand-Saconnex est venue plusieurs fois jouer à Bursinel dans le cadre d’événements. En 2003, lorsque la Route du village de Bursinel est refaite, le Grand-Saconnex a offert quatre lampadaires ainsi qu’une plaque. Bursinel a offert, pour sa part, une face d’un grand tonneau qui est aujourd’hui dans la villa Sarasin. En 2011, l’esplanade « Bursinel » est inaugurée au Grand Saconnex.
Le Grand-Saconnex est jumelé avec Carantec (France). Pour fêter les trente ans du jumelage, Bursinel les a reçus. Puis cinq ans après, ce fut au tour des deux communes suisses de se rendre en France.
En 2017, un livre a été édité pour marquer les quarante ans d’amitié et une grande fête fut organisée au château de Bursinel, avec la présence notamment de l’harmonie municipale du Grand-Saconnex, la Sirène.
Chaque année, nous nous rencontrons deux fois au minimum. Bursinel accueille chez elle la Municipalité du Grand-Saconnex, la commission des finances et la direction financière, pour leur séance annuelle consacrée au budget, une séance qui est toujours suivie d’un repas. La tradition veut que le Grand-Saconnex offre tous les ans à Bursinel une marmite de l’escalade et Bursinel fait cadeau de bouteilles de son chasselas à la commune genevoise.
Les liens sont donc importants au niveau des Municipalités mais des présences réciproques lors d’événements d’importance nous permettent de communiquer et de faire aimer notre jumelage à la population. Notre auberge et nos vins sont appréciés des Genevois !
De par la proximité des deux communes, ces liens d’amitié incitent-ils la population à se rendre dans la commune amie facilement lorsque des événements y sont organisés ?
La proximité fait que nous communiquons proactivement avec notre population sur ce qu’il se passe au Grand- Saconnex. Est-ce que cela suffit à donner envie aux habitant·es de s’y rendre ? Je ne sais pas… peut-être lors d’événements importants. A nous aussi peut-être d’organiser une sortie ou un transport pour notre population, en fonction d’une manifestation particulière.
Ce jumelage a-t-il été officialisé ?
Un serment a été signé en juillet 2021 (ci-dessous) et une plaque a été posée sur la maison de commune à cette occasion. Ce serment n’est pas astreignant mais formalise cette amitié sans fixer de contraintes. Tout se fait naturellement. Nous ne voulons rien imposer à personne par trop de formalisme. Nous savons d’où nous venons et cela nous suffit pour connaître l’importance de la continuation de nos relations. Pour Bursinel, pouvoir échanger avec une commune de plus de 12 000 habitant·es, avec un aéroport international, un centre de congrès et partageant une frontière avec la France nous permet de relativiser nos problèmes et la gestion de notre commune. Nous abordons tout sujet sans formalisme ni retenue. Et je pense que cela fait du bien à tout le monde et contribue grandement au plaisir que nous avons de nous voir !
Des actions spécifiques sont-elles entreprises pour donner envie aux jeunes des deux communes de faire perdurer ce lien d’amitié ?
Il y avait par le passé des camps organisés à Carantec, des jeunes du Grand-Saconnex et de Bursinel s’y rendaient conjointement. Il y a peut-être une piste à explorer. Bursinel reste une petite commune, il nous faut un certain nombre de participant·es avant de mettre quelque chose sur pied. Nous réfléchissons à faire quelque chose de conjoint pour nos aîné·es.
Les membres des exécutifs des deux communes début novembre dernier, lors des vingt ans de la soirée « sanglier », lors de laquelle Bursinel offre à ses habitant·es un sanglier à la broche.