Dans cette édition du magazine, nous vous présentons deux personnalités importantes pour notre association et pour notre métier : Nadine Cossy, présidente de l’Association vaudoise des contrôles des habitants et bureaux des étrangers (AVDCH) et cheffe de service du service des habitants de la Ville de Lausanne et Madeline Mettraux, nouvelle responsable des relations avec les communes au Service cantonal de la population (SPOP). Deux femmes, deux personnalités qui sont marquées par la volonté de mettre l’intérêt du citoyen au centre de leurs préoccupations.
Portrait de Nadine Cossy
Avant son arrivée à la tête du service des habitants de la Ville de Lausanne, Nadine Cossy a travaillé pendant quatorze ans pour une autre ville vaudoise et préside, depuis 2016, l’AVDCH. Un an après sa prise de fonction à Lausanne, son regard a-t-il changé sur le futur et les enjeux auxquels l’AVDCH doit faire face ?
Pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
J’ai un parcours atypique qui a toujours mis les citoyen·nes au centre de mes préoccupations, que ce soit par le biais d’un emploi dans les assurances sociales, un service social ou un contrôle des habitants, comme les quinze dernières années écoulées.
En quelques mots, comment vous définiriez-vous ? Et comment définiriez-vous le service des habitants de Lausanne ?
Je me définis comme une personne ayant des valeurs humaines, respectueuse, bienveillante mais exigeante. Le service des habitants de Lausanne est un service public impliqué dans ses missions à la population et ayant une valeur commune liant ses 50 collaborateurs·trices : le respect d’autrui.
Il y a un an, vous vous lanciez dans un nouveau défi professionnel en prenant la direction du service des habitants de la 2e ville romande, quelles étaient vos motivations et sont-elles toujours les mêmes ?
Mes motivations étaient de mettre à disposition de la plus belle ville du canton (mon avis bien sûr) mes modestes compétences et mon expérience tant au niveau métier, formation que management. Etre responsable et représentative d’une grande équipe me manquait, tout comme la gestion de projet et je suis enchantée de ma dernière année professionnelle. Mes motivations sont intactes car plusieurs changements vont se dérouler ces prochains mois/années et je suis contente de faire partie de ce mouvement.
Quelle est votre vision d’une entité au service d’une population de plus de 150 000 habitants (en comparaison à ce que vous imaginiez avant votre prise de fonction) ?
Un tel service communal, unique sur les terres vaudoises, est indéniablement un partenaire pour le service de la population du canton (SPOP) lorsqu’un nouveau projet est à déployer au sein du canton. Le lien entre la population et l’instance de surveillance permet d’asseoir une visibilité à large échelle de nos missions. Mon service veille à rester à une dimension et à une approche humaine, en collaboration avec les autres contrôles des habitants de dimension plus modeste.
Quels sont les enjeux futurs pour un service des habitants d’une telle grandeur ?
Poursuivre une simplification des processus internes, favoriser la formation continue, élargir nos relations avec les partenaires institutionnels et proposer des prestations en ligne pour les citoyen·nes qui le souhaitent. Et bien évidemment garder nos acquis de ce jour et surtout valoriser les compétences de chaque collaborateur·trice.
Portrait de Madeline Mettraux
Quelques mois après sa prise de fonction en tant que responsable des relations avec les communes, quel est son regard sur les communes ? Quels sont les enjeux auxquels les services des habitants, en collaboration avec le SPOP, devront faire face ?
Pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
J’ai réalisé mon apprentissage au SPOP, à la suite duquel j’ai entamé des études de droit. A l’obtention de mon master, j’ai travaillé dans le secteur privé (aménagement du territoire et immobilier) et au sein de l’administration cantonale comme juriste.
J’ai siégé plusieurs années comme conseillère communale à Cheseaux-sur-Lausanne ainsi que dans deux commissions permanentes. Ces expériences ont révélé mon intérêt pour les affaires communales et mes fonctions au sein de la Division communes & nationalité du SPOP me permettent de collaborer avec toutes les communes vaudoises, ce qui me réjouit.
En quelques mois au SPOP, comment vous définiriez-vous ? Et comment définiriez-vous votre fonction au sein du service cantonal de la population ?
Je me vois comme une « facilitatrice ». Je sers et soigne la qualité des relations, du travail et de la collaboration. J’aime bien visualiser ma fonction sous forme de différentes « casquettes », que ce soit celle de conseillère, d’oreille attentive, d’autorité de surveillance, de médiatrice ou de sondeuse de terrain. Là où cela se complexifie, c’est quand je me retrouve à porter plusieurs casquettes en même temps : je dois trouver le bon équilibre. Je pourrais aussi ajouter « funambule ».
Il y a quelques mois, vous vous lanciez dans un nouveau défi professionnel en prenant cette nouvelle fonction, responsable des relations avec pas moins de 300 communes, quelles étaient vos motivations et sont-elles toujours les mêmes ?
Ma motivation initiale était double : œuvrer en faveur de l’intérêt conjoint de l’Etat et des communes avec mes connaissances juridiques, tout en mettant du liant, dans un esprit fédérateur. Ma motivation est même renforcée par la solidarité que j’ai pu constater entre les communes et la collégialité qui existe entre le SPOP et l’AVDCH.
Quelle est votre vision d’un service des habitants ? Est-il le même qu’avant votre prise de fonction ?
C’est le service de proximité par excellence : à l’écoute de ses citoyen·nes, œuvrant pour leur intégration et qui les accompagne à différents moments de leur vie. Les visites que j’ai réalisées au sein de plusieurs services des habitants m’ont permis de prendre conscience de l’étendue de leur travail.
Quels sont pour vous les enjeux futurs en relation avec les communes ?
Maintenir un lien de qualité Canton-Communes, entretenir un équilibre entre prestations virtuelles et aux guichets, et valoriser le travail des services des habitants.
Interview croisée
Dans votre quotidien, vous mettez l’intérêt de l’habitant au centre des préoccupations. Est-ce si facile ?
Nadine Cossy (NC) : Oui, même si cette vision peut bousculer notre quotidien et faire changer quelques habitudes.
Madeline Mettraux (MM) : Entre l’intérêt de l’habitant, le cadre légal et la marge de manœuvre à disposition, il n’est pas toujours évident de répondre exactement aux attentes de l’administré. Je pense que l’essentiel, c’est de tenter de le faire au mieux.
Vous êtes souvent reconnues dans les assemblées par les communes, qui savent qui vous êtes, mais arrivez- vous à vous souvenir de qui elles sont ?
NC : Oui, j’ai la chance d’être physionomiste et de me souvenir des visages et sourires de mes interlocuteurs·trices !
MM : Pas encore mais c’est clairement l’un de mes objectifs ; il me faut encore du temps.
Comment décririez-vous le service de l’autre ?
NC : Comme un partenaire indispensable aux 300 contrôles des habitants vaudois, afin d’unifier les pratiques au sein du territoire vaudois. Pour moi, il est primordial, qu’un habitant soit traité de la même manière dans une petite, moyenne et grande commune du canton et c’est en travaillant de pair entre le SPOP et l’AVDCH que nous atteindrons cet objectif.
MM : C’est un service qui offre des prestations étendues et facilitées à sa population, en devant parallèlement traiter une importante quantité de travail, ce qui nécessite une organisation pointue. Il se compose de personnes efficaces, collégiales, investies et qui cherchent à répondre aux besoins et attentes du citoyen.
Que pensez-vous de la place que prend la cyberadministration dans notre profession ?
NC : Il s’agit d’une évolution indispensable permettant de faciliter certaines démarches pour la population. Il est tout de même indispensable de garder un pied sur le terrain afin de rester en contact direct pour les citoyen·nes qui préfèrent effectuer leurs démarches en présentiel.
MM : Les développements cyber se justifient par l’évolution de notre société et de nos besoins. Nous devons toutefois veiller à trouver un bon équilibre entre les échanges qui permettent aux personnes de se rencontrer et traiter ensemble une demande et les prestations dématérialisées, pratiques et rapides.
Quels sont, selon vous, les principaux enjeux pour les services des habitants ces prochaines années ?
NC : Mettre en pratique la nouvelle base légale qui est en cours de finalisation et qui sera appliquée en 2025 je l’espère. Savoir garder une ligne de conduite identique au sein de l’ensemble des collègues vaudois·es avec les formations continues et avec l’entraide qui caractérise si bien les membres de l’association (les 300 communes vaudoises). Et en conclusion, maintenir notre intérêt pour les futures évolutions indéniables qui nous attendent, en étant un partenaire engagé, professionnel et fiable.
MM : Evoluer avec les habitants et leurs attentes, mettre en œuvre la future Loi sur le service des habitants, garantir la protection des données, recruter et fidéliser le personnel.
Le comité de l’AVDCH remercie Nadine Cossy et Madeline Mettraux pour leurs réponses et leur engagement respectif à soutenir et conseiller nos communes. C’est ensemble que nous pourrons réussir !
Légende photo : Cette interview a été un bon moment d’échanges entre Nadine Cossy, à droite sur la photo, et Madeline Mettraux, à gauche.
Article réalisé par Evelyne Rouge, Cheffe d’office contrôle des habitants à Aigle et Teuta Jakaj, Cheffe de service contrôle des habitants à Ecublens.