Arrêt sur invité : Julien Ménoret

Rédigé le 27/05/2024


Chef du service des finances, de l’économie et des sports à Gland, Julien Ménoret a rejoint, depuis 2023, la quinzaine de formateurs du Centre de formation de l’UCV. Dans cette interview, il revient avec nous sur son parcours, ses motivations à travailler pour le monde communal et à former employé·es et élu·es, sur le métier de boursier·ière et, bien sûr, MCH2. Rencontre.

Bouclement des comptes, gestion des salaires, préparation du budget… sont les trois cours que vous donnez au Centre de formation de l’UCV. Quelles sont vos expériences professionnelles qui vous placent comme expert pour dispenser ces formations ?

Fort de sept années d’expérience à la commune de Gland, je pense avoir un solide bagage en termes de préparation du budget et de bouclement des comptes. Je suis par ailleurs titulaire du diplôme d’expert-comptable, ce qui est plutôt rare chez les boursiers·ières.

Dans mon précédent emploi, onze ans dans un cabinet d’audit, j’ai notamment effectué des audits de caisses de compensation AVS et des contrôles d’employeurs. La gestion des salaires est une matière que j’apprécie particulièrement.

Aviez-vous des expériences dans l’enseignement avant de devenir formateur pour l’UCV ? Si oui, lesquelles ?

Je donne un cours d’introduction à l’économie politique au Gymnase du soir à Lausanne pour la 6e année consécutive. Je suis également correcteur des examens d’audit et expert aux examens oraux. Toutes ces activités me permettent de rester à jour et de respecter les règles de formation continue d’EXPERTsuisse (l’association suisse des experts en audit, fiscalité et fiduciaire, anciennement Chambre fiduciaire suisse).

Par ailleurs, lorsque j’étais étudiant à l’UNINE, j’ai eu l’occasion de remplacer des enseignants de l’Ecole de Commerce de Neuchâtel où j’ai étudié. Pour un temps, mes anciens professeurs sont devenus mes collègues. C’était sympa et étrange à la fois ! Par la suite, j’ai été très actif dans la formation à l’interne chez mon ancien employeur.

Quelles sont vos motivations à former élu·es et employé·es du monde communal ?

J’ai toujours fortement apprécié transmettre mes connaissances mais également apprendre des participants. Il y a des pratiques très différentes d’une commune à l’autre. Demandez l’avis de cinq boursiers·ières et vous aurez cinq avis différents (six, si l’un d’entre eux a fait HEC) ! Je caricature mais force est de constater que les pratiques sont parfois disparates.

Les premières formations que vous avez données dans le cadre de l’UCV se sont-elles passées comme vous l’aviez imaginé ?

J’ai eu l’occasion de dispenser chacun des trois cours susmentionnés et tout s’est bien déroulé. Le plus dur est de gérer les différences de niveau entre les participants, leurs attentes et le temps. La plupart sont nouveaux dans le métier, d’autres ont plusieurs années d’expérience et souhaitent se mettre à jour. Il y a une très large majorité de boursiers·ières, mais parfois également des municipaux·ales. J’apprécie particulièrement d’avoir une audience hétéroclite et active. Cela alimente les débats.

Un formateur, c’est un peu un animateur de jeu télévisé, un coach, un médium (il faut anticiper les demandes et parfois deviner ce que cherche à dire un participant) et un contorsionniste (il faut s’adapter en permanence). J’essaie de composer avec ces compétences et je pense m’en être bien sorti pour cette première série de cours UCV.

Vous avez travaillé durant de longues années dans le domaine privé, qu’est-ce qui vous a poussé à vous orienter vers les finances communales ?

J’étais réviseur de deux communes du canton de Genève : Pregny-Chambésy et Vernier (dont l’excellent slogan est « Une ville pas commune »). Dans ce contexte, j’ai eu l’opportunité d’apercevoir la très grande diversité, difficilement imaginable de l’extérieur, des métiers et activités d’une commune. Le but idéal d’une commune, l’engagement dans la vie locale et la proximité de l’action publique m’ont également attiré. Lorsque j’ai vu passer l’offre d’emploi, je me suis naturellement dit que ce poste était fait pour moi. Avec sept ans de recul, ce sentiment était le bon. J’adore jongler avec des dossiers divers et variés. Je ne m’ennuie pas une seconde !

Le passage à MCH2 (modèle comptable harmonisé de 2e génération) sera un des « challenges » de ces prochaines années pour tous les boursiers·ières de ce canton, de quel œil voyez-vous cette migration ? Quel conseil donneriez-vous aux communes à ce sujet ?

Effectivement, difficile d’échapper à MCH2 ; c’est le thème du moment ! Il est sur toutes les lèvres des boursiers·ières lors des rencontres, à la pause-café, au repas, etc. Les communes vaudoises sont bonnes dernières de la nation à adopter MCH2. Il était donc temps ! MCH2 offre une vraie plus-value par rapport au plan comptable de 1981, minimaliste et désuet (il a mon âge, c’est dire !). MCH2 améliorera la transparence des comptes communaux vis-à-vis de la population (du moins le peu qui s’y intéresse !) et la comparabilité entre communes ainsi qu’avec le canton.

MCH2 ce n’est pas qu’un plan comptable, c’est un référentiel comptable complet avec un manuel et des exemples de comptabilisation. Il y a beaucoup de nouveaux tableaux et annexes à produire pour plus de transparence (tableau des flux de trésorerie, principes et normes pour la présentation des comptes annuels, état du capital propre, tableau des associations de communes, tableau des titres et des participations, tableau des prêts et des garanties, ainsi que le tableau des immobilisations).

Mes conseils sont : anticipez et ne partez pas seul ! Même si vous faites partie de la dernière vague, commencez à vous y intéresser, à lire des documents, à en discuter avec des homologues boursiers·ières, avec des collègues et pourquoi pas adaptez certains éléments du plan comptable en amont de la migration. Pour bien des communes, la première étape consiste à nettoyer le plan comptable actuel. Lors de vos analyses de comptes, préparation de la table de conversion et préparation du premier budget MCH2, intégrez les responsables de budget, chef·fes de service, d’office, de groupe (peu importe leur casquette) et municipaux·ales. Ils ont des informations précieuses dont vous ne disposez peut-être pas et doivent participer à certains choix de présentation (notamment scission et fusion de comptes). Par ailleurs, dans la gestion du changement, cela contribue à leur formation et leur apprivoisement de MCH2.

Je recommande chaudement le cycle de formation MCH2 proposé par l’UCV. De plus, je conseille fortement de faire revoir la matrice de conversion à vos réviseurs suffisamment tôt. Il serait fort inconfortable de devoir corriger des erreurs dans les premiers comptes annuels en MCH2, alors que le budget a déjà été validé par le Conseil communal/général. En cas de doute, n’hésitez pas à solliciter l’aide de la Direction des finances communales. Par ailleurs, n’oubliez votre intégrateur informatique et renseignez-vous à l’avance sur le coût de leurs travaux.

Enfin, il est important de comprendre que MCH2 va vivre et évoluer avec la commune. Des adaptations seront sans doute nécessaires, après un ou deux exercices comptables. J’espère que ce raisonnement enlève un poids des épaules des boursiers·ières. 

Propos recueillis par Stéphanie Andrzejczak, chargée de communication à l’UCV.