Les difficultés de financement pour les exploitants

Rédigé le 27/05/2024


Dans le milieu de la restauration, dont les auberges communales, les banques peinent à allouer, sans garantie, des fonds sous forme de ligne de crédit aux acteurs du secteur.

Cautionnement romand, via son antenne vaudoise – Cautionnement Vaud, facilite l’accès aux crédits bancaires en faveur des entreprises (indépendants et PME) en se portant caution. Aussi, lorsque le futur exploitant d’une auberge communale sollicite un prêt à la banque, celle-ci, si elle accepte d’entrer en matière, demande souvent de passer par un cautionnement. La coopérative agit comme garantie et n’est donc pas bailleuse de fonds.

L’antenne cantonale de cautionnement jouit d’une certaine proximité avec le tissu économique vaudois et a pour rôle de soutenir le développement économique du canton. Pour ce faire, elle entretient des échanges avec les PME bénéficiaires du cautionnement et collabore de façon neutre avec les établissements bancaires du canton. Concrètement, son activité en 2023 s’est traduite par 78 demandes de cautionnement reçues, aboutissant à 55 contrats de cautionnement, correspondant à des crédits cautionnés pour un montant total de 15 millions, et permettant la création ou le maintien de 586 emplois.

Les clés pour obtenir un financement

Il y a lieu tout d’abord de faire preuve d’anticipation. En effet, il ne s’agit pas uniquement de convaincre une conseillère ou un conseiller bancaire. Le cheminement du dossier comprend des étapes décisionnelles au sein de l’établissement bancaire, des exigences à compléter avant la mise à disposition des fonds, la mise en place de garanties, et quelques formalités d’usage. A cela s’ajoute la disponibilité des parties prenantes au processus, que ce soit au sein de la banque ou à l’externe, comme le notaire ou le registre du commerce par exemple.

Toute dette implique une mise sous pression de l’opérationnel par le simple fait que le produit net doit notamment répondre aux intérêts et à l’amortissement de l’emprunt. Aussi, il y a lieu de s’appliquer au questionnement de facteurs agissant sur la rentabilité de la future exploitation. Rappelons que l’exploitant devra honorer un loyer au niveau de l’auberge, mais également à titre privé. Et bien souvent, l’appartement situé au-dessus du restaurant accueille la famille de l’exploitant. Il s’ensuit une dépendance importante à l’écosystème mis en place. Il est donc important de garder une réelle objectivité sur les chiffres prévisionnels. Un regard externe en ce sens reste synonyme de crédibilité. Le futur exploitant doit néanmoins être capable de comprendre et de traduire les chiffres établis. Par la suite, il tiendra une forme de « cahier du lait » pour surveiller sa trésorerie et se rendre compte des améliorations possibles, telles que sa gestion du stock, du personnel en place et/ou des auxiliaires par exemple.

Aussi, son dossier s’adressant à un acteur financier, il devra comprendre un plan d’investissement, un budget d’exploitation sur les trois premières années au maximum et un budget de trésorerie pour la première année d’exploitation. Ces projections devront plus ou moins corroborer les ratios de la branche. A titre d’exemple, pour les petits établissements, l’un des ratios veut que loyer ne dépasse pas 7% à 8% du chiffre d’affaires annuel.

Les réflexions de la commune comme aide pour l’exploitant

Un dossier sera d’autant plus solide si la commune, avant de partir à la recherche d’un exploitant pour son auberge communale, a mené les réflexions indiquées dans l’article de Messieurs Neuhaus et Susset, notamment la troisième
réflexion sur la concurrence et le positionnement de l’offre.

Si le futur exploitant dispose déjà d’un cahier des charges précis, d’un contrat de location clair, d’informations sur l’histoire de l’établissement, sur les attentes potentielles de la clientèle, sur l’état des équipements et des locaux impactant les investissements à prévoir, il sera d’autant plus facile pour lui de proposer un business plan cohérent aux attentes de la commune et crédible au regard de la banque.

Si obtenir un financement n’est pas aisé dans le secteur de la restauration, le travail en amont de la commune avant la recherche d’un exploitant, les informations fournies par celle-ci, sa transparence et son soutien peuvent clairement aider les futurs exploitants à obtenir un financement et à faire par la suite que l’auberge soit une réussite. 

Article rédigé par Eric Meillaud, Directeur de Cautionnement Vaud.