Claude Schneeberger, fontainier

Rédigé le 27/05/2024


Claude Schneeberger est fontainier pour la commune de Roche et met également ses compétences au service de l’association intercommunale d’épuration et de distribution d’eau du Haut-Lac (EPUDEHL). Il exerce un métier peu connu mais très recherché.

Depuis quand êtes-vous employé par la commune de Roche et depuis quand exercez-vous le métier de fontainier communal ?

Cette année marque mes 25 ans en tant qu’employé communal à Roche mais c’est en 2006 que j’ai suivi la formation de fontainier qui avait été mise en place quelques années auparavant par la Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux (SSIGE). En 2007, j’ai obtenu le brevet et ai ainsi été officiellement fontainier, bien que j’exerçais déjà cette fonction, en suppléance, depuis quelques années.

Pourriez-vous nous expliquer en quelques mots votre parcours professionnel ?

J’ai réalisé l’apprentissage d’agriculteur, par la suite j’ai continué ma formation à l’école d’agriculture de Grange-Verney. Diplôme en main, je me suis occupé du domaine familial, en collaboration avec mon papa. J’ai exercé ce métier jusqu’en 1999, date à laquelle j’ai rejoint la commune de Roche. Côté politique, j’ai été conseiller communal et président dudit conseil durant trois ans mais n’ai plus exercé ces fonctions une fois que j’ai rejoint la commune en tant qu’employé.

En quoi consistent vos missions pour la commune ?

Mon métier consiste à gérer et contrôler l’exploitation du réseau d’eau potable, du captage jusqu’au robinet des consommateurs (ménages, commerces, industries, etc.). Le but est d’assurer au consommateur une eau disponible 24h/24 et de qualité, c’est-à-dire qui respecte les prescriptions légales (notamment les directives de la Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux (SSIGE)) et celles de l’office de la consommation (OFCO). Le fontainier se doit d’avoir une connaissance parfaite de son réseau d’eau et de son environnement, comprenant captages et zones de protection, réservoirs, conduites, stations de pompage et de traitement, etc. C’est un métier où l’on est très indépendant, pour lequel on se déplace fréquemment et où l’on est en contact régulier avec la population et les autorités. On se doit aussi d’être disponible 24h/24 et 7 jours/7 pour garantir une eau potable en continu aux consommateurs.

Comment devient-on fontainier ? Quelles études y mènent ?

Depuis 2001, il existe une formation de fontainier·e avec brevet fédéral pour la Suisse romande. Elle est constituée de 200 périodes, réparties sur neuf mois. Elle s’adresse à des personnes déjà responsables d’un service des eaux d’une commune de petite ou moyenne importance (moins de 10 000 habitants) ou qui vont le devenir. Pour se présenter à l’examen, il faut en effet avoir un CFC et au moins trois ans de pratique auprès d’une entreprise de distribution d’eau ou d’une entreprise privée mandatée pour assurer la distribution d’eau potable (ou sept ans d’expérience sans CFC).

Les missions des fontainiers ont-elles beaucoup évolué au fil des ans ?

Enormément ! Le métier existe depuis plusieurs siècles mais a radicalement changé. Par le passé, le fontainier avait la charge de l’entretien des fontaines et des conduites qui les alimentaient. Les fontaines servaient aux habitants à y puiser l’eau nécessaire à la boisson, la cuisson, la toilette, au bétail, etc. Avec l’arrivée de l’eau courante à domicile, les fontaines sont devenues principalement décoratives. Le fontainier doit depuis assumer la responsabilité et la sécurité de l’exploitation des infrastructures de production d’eau potable. Ce sont dorénavant des systèmes de commandes automatiques et de télétransmission qui gèrent, informent et avertissent en temps réel de la situation sur les réseaux. Le fontainier est ainsi passé d’un environnement mécanique à un environnement électronique. La partie administrative est aussi bien plus importante qu’auparavant.

Est-ce un métier très répandu ?

Nous sommes environ 1270 en Suisse à l’exercer dont 250 en Suisse romande avec brevet fédéral. Autorités et population se rendant de plus en plus compte de la valeur inestimable de l’eau et de l’importance de ne pas la gâcher inutilement, et étant de plus en plus sensibles à sa qualité, c’est un métier très recherché mais que peu de personnes exercent. Certaines communes ne trouvant pas de fontanier·e à embaucher, elles proposent à leurs employés communaux de réaliser la formation. C’est donc un métier d’avenir !

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

J’aime à la fois la grande variété des missions qui m’incombent ainsi que son côté relationnel. C’est un métier que j’aime particulièrement et qui me motive.

Quels atouts faut-il avoir pour exercer ce métier ?

Le métier nécessite une bonne flexibilité et disponibilité du fait des interventions d’urgence qui peuvent survenir nuit et jour. Néanmoins, ces interventions sont rares car le réseau est bien entretenu. En effet, en tant que fontainier de Roche, j’aime à dire que tout doit être « clair comme de l’eau de roche ». Il faut aussi aimer être indépendant dans son métier tout en ayant le goût du contact !

Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de travailler pour la commune de Roche ?

Je suis né à Roche, j’ai été membre actif et membre des comités de nombreuses associations locales ainsi que conseiller communal donc être employé communal était presque la suite logique, même si ce n’était pas un but que je m’étais fixé. J’aime avant tout être au service de la population. A l’époque, je connaissais presque tous les habitants mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. La population de notre village a doublé et, malheureusement, une grande partie des citoyen·nes ne participe pas à la vie associative donc le contact humain avec ces personnes n’existe pas. Finalement, au sein des services communaux, je suis, comme aiment à le dire mes collègues, le « doyen ». J’aime travailler avec des personnes plus jeunes que moi ; cela m’apporte une autre vision de notre société actuelle. 

Photo ci-dessus : Claude Schneeberger à la station de traitement des Lizettes.

Photo © Steve Guenat / UCV