Quelques nouveaux modules et, ça y est, la cour des Vignettes devient un véritable skatepark, grâce à l’implication de jeunes de la commune. Maura Soupper, conseillère municipale à La Sarraz, nous montre comment aménagement du territoire et sociétés locales peuvent être liés, avec ce projet.
Pourriez-vous nous expliquer ce qui a été réalisé à la cour des Vignettes en 2022 ?
La cour des Vignettes a depuis longtemps été un lieu fréquenté par les « riders ». Leurs obstacles étaient des bordures et des bancs mais il n’y avait rien de vraiment approprié. Le projet consistait à remplacer les anciens obstacles par des éléments de glisse adaptés et à ajouter quelques éléments supplémentaires (le « half » et la barre amovible, par exemple). Le résultat final est une légère modification de l’espace, mais avec un gain appréciable pour la discipline.
Repenser l’espace public à La Sarraz était-il un projet que la Municipalité avait de longue date ?
Depuis 2016, la commune entreprend des démarches participatives. A la suite d’une première démarche concernant le plan d’affectation communal, elle a organisé plusieurs ateliers ouverts aux citoyen·nes au sujet des espaces publics et, de là, a pris note de l’envie des habitant·es d’avoir des espaces publics où se retrouver et pratiquer des activités.
Comment le projet est-il né ? Sur quelle impulsion ?
Depuis longtemps, des groupes de jeunes se forment (et se désagrègent malheureusement par la suite) pour la création d’un skatepark. Dans le passé,plusieurs tentatives ont été menées pour co-créer (commune et jeunes) un tel espace mais sans succès.
Puis un groupe de jeunes (réuni ensuite dans l’association LS Park) nous a demandé un terrain pour un skatepark. La non-disponibilité d’une telle surface adaptée à ce sport nous a poussés à regarder ailleurs et à chercher d’autres solutions. C’est là que nous avons découvert le concept d’Urban Skate (urbanskate.ch) de Monsieur Jimenez (nous avions visité son parc de La Tour-de-Peilz), qui consiste à adapter le mobilier urbain aux sports de glisse.
Ce projet s’est concrétisé aussi grâce au travailleur social de proximité (TSP) engagé, depuis 2021, par La Sarraz, avec six autres communes aux alentours. Les jeunes de l’association LS Park ont trouvé un soutien précieux auprès du TSP pour les aider dans les démarches associatives mais aussi dans les dialogues avec les autorités communales et les citoyen·nes. Le TSP a ainsi été le ciment entre les jeunes et l’autorité communale pour la création de ce projet et sa poursuite.
Diriez-vous que ce projet a été conçu dans un esprit écologique et économique ?
En effet ! Les matériaux et entreprises ont été choisis le plus localement possible. De plus, l’intervention dans la cour des Vignettes a été la moindre possible pour laisser encore la place aux écolier·ères pour leurs récréations. L’association LS Park s’est aussi engagée à respecter l’espace et à faire en sorte qu’il le soit par tous les usagers, en termes de détritus et simili.
Quel bilan tirez-vous après deux ans d’existence ? Quels sont les bénéfices de ce projet pour la population ? et pour la Municipalité ?
L’association LS Park est toujours très dynamique et, grâce aussi au soutien du TSP, elle organise divers événements et des cours de skate pour débutant·es. Pour la population en général il n’y a pas eu de grand changement du côté de l’utilisation de cet espace car, avant le projet, la cour était déjà utilisée pour la glisse. Certain·es habitant·es craignaient quelques débordements ou plus de nuisances sonores mais aucune plainte n’est parvenue à la commune.
Pour la Municipalité, ce projet est le résultat d’une jolie collaboration entre jeunes et autorités. Nous espérons qu’il motive d’autres jeunes à se lancer dans d’autres projets, avec l’appui et le suivi de notre TSP, et qu’on puisse tisser un lien solide Jeunesse-Autorité.
En quoi ce projet est-il intergénérationnel ?
Le site, une cour d’école, favorise une fréquentation intergénérationnelle, notamment des jeunes et moins jeunes ainsi que des parents. De même l’offre de cours donnée par LS Park permet à tout le monde d’approcher le monde de la glisse.
La cour avant les aménagements (en haut) et la cour modifiée (en bas), avec des éléments permettant l’assise et la pratique des sports de glisse.
Exemple d’ajout d’un élément en pavés, posé en courbe et intégré à l’aménagement (avec, sur le côté du module, un design qui rappelle la façade du bâtiment existant).
Photo de couverture : La journée d’ouverture a été célébrée par plus de 400 personnes, dont 100 riders.
Photos © Urban Skate